16 juin 2006
Réflexion nocturne bis
Reflexion nocturne
Dans le ciel en charpie, l'astre du jour chavire, rasant encore
la terre d'ultimes rayons crépusculaires. Telle l'hémorragie d'un jour exsangue
et las, les nuées roses et mauves se teignent de feux ardents ainsi qu'une
écchymose sous la cautère d'un soleil gris.
La colline toujours réfléchit les rayons, dans ses bruyères et
ses ajoncs mais l'ombre monte du marécage gagnant tout à rebours
les terres exhaussées. Sur la plaie purulente de couleur verte et brune,
la pénombre diffuse son cataplasme froid sur l'herbe et les buissons.
Partout la terre s'inonde de noirceur et mystère, telle la marée
nocturne montant du fond des choses. Bientôt le mont aussi disparaît dans
la nuit, gagnant les régions hautes de l'immense et du vaste.
Comme des pierreries, noyées dans l'eau profonde, scintillant
dans le noir, réfléchies dans l'abîme, des lumières et veilleuses s'allument
aux fenêtres et dardent leurs faisceaux qui voûtent les nuages d'une clarté livide.
Comme un théâtre d'ombre plongé parmi l'obscur, où ne brillent
que par places l'étincelle d'un phare, le fanal d'un navire, des silhouettes
d'ombre grise bougent dans les ténèbres plus sombre que les cieux.
Le sable du rivage, humide du passage de la mer au reflux,
luit d'un reflet étrange pareil à un miroir grèlé de cicatrices.
Les dunes littorales, rempart des vents maussades, dardent
leurs cimes neigeuses vers l'orient endormi. Elles semblent le pendant
du sol pulvérent, lointain et désolé de l'astre gravitant au-dessus de la terre.
Minérale fiction d'un désastre terrestre ou lumignon des âmes avides de
pesanteur, éprises de conjonction ou assoiffées d'ailleurs.
Silence des espaces où souffre le serpent donnant jour à
ses oeufs porteurs de maléfices.
Fracas des éclosions, dans les galeries sombres où sinueront
en nombre les fantômes hideux du vice et du mortel, arpentant nos chemins
et visitant nos vaux.
inédit
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