Face aux récifs fouettés d'embruns
Face aux récifs fouettés d'embruns.
Mon cœur s'est écorché aux écueil nacrés de ton corps incarnat,
lisse comme une anguille et fier comme un franc lys.
Comment pourrais-je encore souffrir de tels supplices et t'aimer
tendrement en notre sort complice ? Tu ériges ton corps ainsi
qu'un tort factice dressé face aux néants des vagues précipices
de mon élan rageur.
Sable que les années ! Poussière que l'avenir ! Ecume que
l'immédiat !
Mon navire en déroute ne tient plus à la terre que par sa
quille fichée au rocher du récif...
Toi ! L'être sous-marin, miroir de l'antre glauque où
prospère l'algue brune et fulgure la murène.
Toi ! L'oursin opiniâtre ravageur de plancton et l'hyppocampe
ailé vivant entre deux eaux.
Toi ! Confins des abysses où vague le poulpe gris indifférent
aux rais de la lune comme du jour et qui ignore la mort.
Dis ! Vivrais-je assez longtemps pour percer les mystères
de ta duplicité et connaître ce rivage aux doux parfums riants
sous l'onde miroitante de la postérité ?