le terrestre infini
Beautés de la nature, grâces de l'instant qui dure et du futur lent,
sœurs de sombres désirs, vous contenez en voous l'imatience d'une
passion mourante de son seul feu, vive de la seule lumière de
son but magnifé.
Amère majesté de l'abandon brutal aux seules courbes d'un sein,
aux seules paupières closes sur une candeur blessée, aux
témoignages sonores et vagissants tout pareil à l'écho plaintif et
dolent d'une foule mendiant après son pain du jour.
Sacrifices conjugués de deux instants qui meurent ; combat délibéré
de deux ennemis livrant leurs bottes clandestines à la faveur d'une
nuit, au bénéfice d'une loi riche de sourdes réticences et de
sombres compromis...
Il faut savoir mourir ainsi qu'on a vécu : Les deux yeux à-demi
tournés sur les beautés qui ne périssent pas, l'oreille captivée par
les signaux venus des astres scintillants ou de ceux de la terre.
C'est pourquoi il faut vivre et durer en ce monde ainsi qu'un nouveau-né,
à l'écoute de ses sens et conscient de porter à autrui le remède de sa
propre défaite et de son propre ennui. Il faut nous procurer les moyens
nécessaires aux ailes du superflu et transporter le songe sur ce chemin
sans halte, cet océan sans port et cet espace sans bornes.
L'utopie de nos mythes sont fondés sur la peur de n'avoir pour instincts
que des tares ataviques et de n'être pour autrui qu'une victime de sa foi.
Il faut cesser de prendre l'Impossible pour seule vertu de nos travers,
l'Invisible pour seule raison de nos aveuglements, l'Insensible pour seule
armure de nos faiblesses.
Chacun se doit d'œuvrer pour combler l'inconnu de son propre infini et
pour creuser l'instant d'une finitude féconde et riche de promesses.