La nef Adversité
Océan de l'ombreux du gouffre et des lointains !
Ô infimes clartés sous un ciel ténébreux où gronde la tourmente et rugit l'ouragan !
Sous quelle altérité vous connaîtrais-je un jour hors l'orage et la foudre, la bourrasque et l'embrun ?
Quel havre hospitalier accueillera mon navire fourbu et chahuté par les coups de tes vagues, l'outrage de tes vents,
l'offense de ta rage ?
Quel rayon vainqueur délivrera ma barque d'un ciel tumultueux où la nuit permanente ne luit plus désormais que
du cisaillement blême de l'infernal éclair ?
J'ai aperçu hier dans une trouée des nuages ton pâle croissant de lune jouer de son pinceau luminescent et vert,
sur mes gréements de rêves. Céleste illusion ou mirage engendré par la fièvre du combat... Car la nuée aussitôt reprit place
sur la scène de chaos et de nuit.
L'espérance est bien morte avec la fin du jour et le soleil nouveau n'éclairera plusc'est sûr – que les vestiges rompus et
désarticulés de ce fier vaisseau connu sur toutes les mers du nom d'Adversité et de mon corps brisé par la lutte inégale
de la force du destin contre ma volonté.