nuits
Un plumetis d'ébène brodé d'or et piqué d'asters
rayonnants flêchent le ciel nocturne.
Tel un pendule fiché aux clous du firmament, la lune
semble osciller autour d'un cadran noir marquant des
ses quartiers l'humeur de son cycle et sonnant au pinacle de sa rotondité.
Partout des archipels lumineux et perdus dans l'océan de nuit
marquent de leurs signaux la présence d'un écueil sur la route
fugueuse conduisant vers l'Ailleurs. Mais un flux débordant de
umière inonde et noie les cartes sous la marée du jour, et voue
à l'abandon nos buts étherés pour ne plus les confier qu'aux songes du sommeil.
Des tempêtes de gaz, de vapeurs et de nuées défilent sur nos
têtes dans un ciel d'encre brune. Plus un astre n'est visible dans le
chahut des vents hurlants et des souffles qui poussent dans tous
les azimuts ; plus une balise ne brille hormis les déchirures brisées
de l'éclair qui claque dans le chaos d'une nuit démontée et aveugle.
Et l'on se prend à croire que notre dernier jour sera une nuit
dernière... ultime once de conscience dans un monde de ténèbres,
de violences ainsi que de frayeurs.