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Le blog de l'infime et de l'universel
15 février 2008

Ce moment-là


Quelles ombres baignent ta face et colorent tes paupières
d'un crèpe sépulcral ?

 

Quelles pensées encore ravivent tes lèvres blèmes d'un semblant
de sourire dont nul ne peut connaître l'origine ni le sens ?

Quel est ce souffle froid sorti de ta narine qui vient frôler mes cils
quand je pose sur toi mes yeux remplis de pleurs ?

Un sombre maléfice œuvre au travers les fibres de ce corps sans attache
et cette âme sans asile...

Un étrange sortilège sépare ces deux mondes ; de celui des vivants avec
celui des autres... ceux qui sont sans parole, sans mensonge et sans voix.

Une trahison des sens adultère l'esprit de celui qui ne songe qu'en des
termes prospectifs sans jamais voir celui répétant  « aujourd'hui » sans
fatigue et sans fin :

-Aujourd'hui le soleil sombre derrière la colline sans que plus jamais
naissent ses rayons sur l'orient.

-Aujourd'hui le grand fleuve a vomi dans la mer son dernier flot tiré
des alpages sereins.

-Aujourd'hui la forêt a gémi sous le vent mais plus le moindre souffle
désormais ne viendra attiser tes oreilles sur les souffrances des cimes.

-Aujourd'hui les nuages ont fécondé la terre mais plus rien à présent ne
viendra des nuées transhumantes et lointaines.

-Aujourd'hui, au jardin, une humble primevère a éclos du sol froid mais plus
une once maintenant, de ces fraîches fragrances ne répandra dans l'air
son témoignage fleuri...

C'est l'heure des trompettes funestes du jugement !

L'instant est à la foudre fatale de l'orage !

Demain n'existe plus, hier est oublié et même ce matin disparaît dans les
brumes et fumées que l'éclair lève sur son passage.

Cris d'alarme et tumulte !

Hurlements et vacarme !

Insultes, ahurissements !

Tout se tait, emporté par les spires infernales du maelström vorace.
La raison inutile plane quelqu'instant fugace au-dessus du désastre.
Puis le corps se fait chair et ses fonctions – absentes -                            rendent aux
quatre éléments ce qu'ils n'avaient en somme, fait qu'emprunter l'espace
d'un fugitif transport jusqu'à ce moment-là.

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  • rime et prose poétique trouvant leur source dans l'exploration des éléments premiers ( eau terre ciel feu ) et puisant son imaginaire dans une quête langagière. difficultés qu'ont les mots d'exprimer le personnel et l'inédit, l'universel et le ressenti
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