L'oiseleur
L'œil chavire dans un monde tourné sur les beautés de l'ivresse
des corps et des extases de l'esprit...
Créature captive en ses songes des caprices de l'oiseau aérien,
l'homme succombe au plaisir d'une cruauté tendue vers la capture
réelle du cœur de ses desseins.
L'oiseleur tend ses pièges, ses filets et ses nasses face au vol éthéré,
silencieux et serein de ceux qui n'ont d'autres confins que seuls appétits
ni d'autres territoires que ceux de sa peuplade.
Ils errent parmi les vagues grisonnantes des nuées et flirtent sur les souffles
passagers des courants qui croisent dans l'air du jour, du soir ou de la nuit.
Captivé par les rondes, les pariades et chansons, l'homme taciturne s'égaye
à l'idée de pouvoir s'emparer d'une parcelle de liberté conquise contre la
gravité d'une terre tirant toutes choses aux méplats et crevasses de sa
rotondité.
L'homme est le seul geôlier aux murailles du cachot de sa pensée qu'étreint
les grilles de ses nerfs, les dalles de ses muscles et le grabat de ses viscères.
Il est l'unique captif du verrou de ses sens et des fers de ses membres.
Dans ce monde sans lumière sous ce climat sans joie, l'oiseau semble recéler
la part la plus prégnante de la divinité qui filtre au travers l'huis de la sombre
prison où séjourne l'humain.
Mystifié par l'image aérienne et splendide de l'essor du corbeau, la pensée
semble bondir au devant de l'oiseau pour naître aux formes fines et profils
éffilés d'engins aptes à voler, et elle fait du moteur le jumeau chez la bête
de ses muscles et ses nerfs.
La grâce vit dans l'œil du rapace nocturne vivant de proies nageant entre
les eaux du lac.
L'homme impuissant aux forces de la beauté suprême se contente de saisir
et de fixer l'image de l'oiseau à la pêche.
Chasseur d'image ou avionneur ou encore oiseleur, l'homme engrange une
dette envers celui toujours – vivante croix au ciel – cristallisant les grâces
de l'univers humain et les desseins secrets des bigarrures du monde.