La terre d'en haut
Une ombre plus tenace que le tain d'un ciel d'encre, où se mire mes peurs, mes folies et mes
doutes, réverbère en mon cœur l'illusion d'un amour coupé du feu ardent dont se nourrit ma soif.
Désir insensé que la peur de mourir rend d'autant plus absurde qu'il semble commandé, définit et
prescrit par un fatal décret qui m'est tout étranger.
Ainsi j'en viens en somme à ne plus rien vouloir hormis ce contre quoi je languis et soupire.
L'échelle dont je gravis chaque jour un degrés me coupe toujours plus d'un improbable retour et se transmue
ainsi en une vague nostalgie d'un plus dense présent.
Est-il un sol ailleurs qui ne soit pas taché du sang et puis des pleurs versés pour y semer ?
L'homme est-il condamné à ne jamais jouir du bien dont il aspire à posséder les fruits ?
L'homme ne vit souvent qu'en imagination et il ne meurt seulement que pour gagner la grâce
de cette Terre d'en haut où le temps est sans force et l'espace sans mesure.
La loi qui nous entrave au soc de la charrue et nous enchaîne au sein de cette Dame Nature
doit-elle céder un jour devant une cruauté plus terrible et violente ?
Quelle fascination pousse l'homme vers son semblable ? Si ce n'est cette partie en lui
qui est connaître, mystifier, servir et posséder enfin...comme le plus noir poison d'une soif
plus outrée, d'une faim plus vorace ...et d'un désir plus impassible !!!