désordres
La nuée vespérale, d'une aile consolante, drape la voûte d'ombre d'une plus obscure
promesse et d'une plus sombre aura.
Sur l'occident décline l'astre qui, un instant, jette encore dans l'azur des rais d'or et de sang
mêlées aux buées rasantes. Et le convoi macabre de la nuit qui avance contre vents et bourrasques,
semble s'arrêter aux grilles de l'horizon possible où ne brille plus l'espoir d'une terre abordable...
Le pays semble enclos par quatre murs noirs sous les ténèbres d'un ciel où gronde la
tempête et où rugit chimères, gorgones et lucifers.
L'océan frappe les falaises; les lames roulent en leur giron des cortèges assoiffés de bêtes
écume aux dents qui, hurlant dans la nuit harcèlent le rivage. Les embruns et les sables de
leurs crachats salés corrompent sols et plantes sous un souffle brûlant issues des
gorges de l'enfer.
Tel le réceptacle des plus intimes secrets et des plus vives flammes, la nuit en son creuset
semble remuer et battre d'un cœur plus obscur et d'un sang plus vicié que l'ophidien reptile
vivant dans les eaux vastes.
L'automne, les tempêtes marquent l'épaule des hommes d'un fer plus ardent que le joug
des besognes et d'une plaie plus profonde que les flèches des passions.
L'automne fouilles les cœurs, la nuit scrute les reins de l'homme nu et penché sur le sol
sacrosaint.