Le noeud gordien
Ô saint damné de l'inconscience qui toujours guide mon pas aveugle dans le danger ou le sommeil,
révèleras-tu à d'autres oreilles le secret de ton entêtement ?
Dis, à quel abandon confies-tu donc ma raison pour que sans cesse ma parole y puise
jouvence et nouveauté ? À quel étrange jeu de théâtre d'ombre ou bien de jeu de miroir, vous livrez-vous,
toi ma vaillance et toi le soupçon de mon poids ?
Où loge donc cette valeur que si longtemps j'ai poursuivie sans douter que sa vraie teneur
résidait ailleurs qu'en mon corps ?
Logeait-t-elle dans un autre corps, une autre terre, un autre sort, une autre guerre que ce combat
longtemps livré pour parvenir à ce brumeux rivage perdu en un pays d'absurdité ?
La réponse est dans la question qu'il est vain de vouloir poser ! L'homme est un être qui
dans l'action trouve sa seule justification.
Ni bête, ni Dieu, il court vers une fin qui cachée à ses yeux, est son unique récompense.
Ni simple corps, ni pur esprit, l'homme trouve derrière l'altérité le nœud gordien de ses conflits
que suscitent son flegme et sa fougue.