géographie des sens
Brumes légères qui nimbez comme de somnifères fumées, mon esprit
jadis lucide, révèlerez-vous aux yeux du monde, la singulière
géographie de mes paysages intimes ?
Stries nébuleuse sur champ d'azur ; grasses pâtures au vert acide
que paîssent des bêtes tranquilles telles pourraient être les couleurs de
ma bucolique bannière.
Douces collines semées d'ajoncs, de pins, de mousses et de pierres que l'oeil
et le pas d'un enfant, seuls trahissent le profond mystère, vous luisez d'une
sombre lueur aux pâles rayons des nuits d'hiver.
Landes farouches, forêts, étangs où la vie grouille subrepticement et fourmille la nuit
de mille yeux, me direz-vous quel pieu mensonge nous éloigne de tous ces prodiges ?
Sols saignés de sillons sinueux conduisant au plat marécage d'un temps où la vie prit
croissance – en lisière du grand océan – vous êtes la sève et le sang de ceux qui peuplez ce rivage.
Pays d'eau, de tourbe et de sable qui sur chacune de tes courbes levez les buées et
les brumes masquant au jour sa vraie nature !
Pays de sel, d'ombre et de vent emprisonnant entre tes serres le diamant des nombres et des heures !
Pays de passage enfin, conduisant où la mer commence et ouvre
ses frontières liquides sur l'océan vierge d'un monde où souvent ma conscience navigue !
Vous êtes mon âme et mon cœur où j'appris en dépit du sort, le sens exact du vrai bonheur !